Mais où sont passés les platanes de la D 32 ?

PlatanesD32 Photos : fin des platanes au pont de Poudérous PlatanesD32

 

Lorsqu’on emprunte la D32 en direction de Gignac, à hauteur du pont de Poudérous, il n’y a plus de platanes et cela jusqu’après le moulin de Roquemengarde, au chemin qui dessert le domaine de Montmau. Cette portion de route de 2 km 700 traverse le domaine de Lavagnac.

A la fin du XIXème siècle, le propriétaire est Jean de Puységur, il doit faire face à une transition entre la polyculture qui a fort bien réussi jusque là et la viticulture. La production d’olives n’est plus rentable, suite à la conquête de l’Algérie en 1832, l’huile qui provient de ce pays est moins chère que celle produite en France. On a trouvé des produits de substitution au tan.

Alors il se lance dans la viticulture, il va planter toute la plaine, mais il lui semble que l’ombre des platanes empêche la maturation des raisins. Alors il n’a qu’une obsession, procéder à leur arrachage par les services des Ponts et Chaussées. Seulement il faut l’autorisation de plusieurs administrations.

Ce consensus ne se fera jamais et il le sait car il est élu au Conseil général comme Royaliste, et que les Républicains sont devenus majoritaires. L’opposition entre les deux camps est émaillée d’incidents graves et ce n’est qu’un début. La famille d’Alzon est originaire du Vigan, dans cette région on cultive le mûrier appelé aussi l’arbre de Dieu.

Donc il va élaborer un stratagème autour de la sériciculture, faire arracher les platanes et planter en lieu et place des mûriers dont certains sont encore présents face au château. Il va monter un dossier en faisant valoir la création d’une vingtaine d’emplois saisonniers. Mais au fait, serait-ce une erreur de mes sens abusés, il me semble avoir entendu ou lu quasiment la même chose il y a une dizaine d’années concernant un certain projet touristique ?

Jean de Puységur prévoit la construction d’un bâtiment adapté, le premier non attenant au château. Au rez de chaussée, le ramonétage côté Sud et à l’opposé l’écurie des chevaux de traits. Cela va lui permettre de libérer une construction semi enterrée qui deviendra la cave souterraine après aménagements.

Fin tacticien, il va tromper l’Administration et ses collègues du Conseil général et obtenir satisfaction. Cette magnanerie va fonctionner quelques années, on trouve dans les comptes de l’époque, des factures d’achats de semence pour l’élevage et la vente de cocons que l’on amenait à Ganges pour être traités et en tirer la soie. La comptabilité du domaine ne dit pas si des subventions ont été obtenues pour réaliser la construction de la magnanerie.

Par la suite on y aménagera un appartement pour le régisseur, on y stockera la paille et le foin pour les chevaux, et du matériel agricole. Ainsi l’histoire n’est qu’un éternel recommencement.

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 Mûriers devant le château Mûriers devant le château  Magnanerie

Bernard Bals