Feria de Béziers, des taureaux à la fête !

Indissociables des festivités qui animent la cité de Pierre-Paul Riquet à partir du vendredi 11 août jusqu’au 15 août, les corridas sont au cœur de la feria de Béziers et lui donnent une signification particulière.

Sébastien Castella, l’enfant de Béziers, est toujours
très attendu par son public

Béziers est une ville de tradition taurine depuis la fin du XIXe siècle, avec le premier spectacle tauromachique donné dans les arènes de Béziers en 1897.

C’est aux environs de 20 heures, lorsque la corrida se termine, et que la foule commence à remonter vers l’avenue Saint-Saëns, que commence l’autre dimension de la fête ou des dizaines de milliers de personnes se retrouvent dans les rues, pour assister à toutes sortes de spectacles dans différents points de la ville.

Pourtant, c’est vers la fin de l’après-midi, lorsque les spectateurs se rendent vers les arènes, que commence ce moment très particulier, celui qui réunit des personnes de tous âges, de toutes sensibilités, de toutes conditions, pour vivre ce moment unique que représente la fête du taureau, ce que les Espagnols appellent « la fiesta brava ».

La société du plateau de Valras, gestionnaire des arènes de Béziers, dirigée par Robert Margé propose cette année quatre corridas, une novillada piquée et deux novilladas sans picadors. Les corridas ont lieu à 18 heures précises et il s’agit sans doute de la seule activité qui se déroule à Béziers qui commence effectivement à l’heure !

Le matin, le public qui souhaite s’initier, à moindre coût, aux bases de la tauromachie, pourra assister à 11 heures au novilladas sans picadors qui voient des élèves des écoles taurines, des apprentis toreros, affronter des taureaux de deux ans que l’on appelle en espagnol des becerros. Le 15 août, toujours à 11 heures du matin, ce sont des taureaux de moins de quatre ans, les novillos, qui sont combattus.

Pour affronter des taureaux de quatre ans et plus, il faut être « officiellement » matador de toros, c’est-à-dire avoir pris l’alternative, une cérémonie qui marque de façon irréversible ceux qui ont pu aller au bout de ce rêve.

Les spectacles proposés par l’équipe de Robert Margé devraient satisfaire les amateurs de toutes les facettes de la tauromachie de tradition espagnole.

La corrida d’ouverture associe un combattant à pied, l’enfant de Béziers, Sébastien Castella est une torera à cheval, la nîmoise Léa Vicens. L’organisateur d’une corrida doit associer, dans une savante alchimie les deux principaux acteurs de ce spectacle très particulier. La corrida mixte verra entrer en piste les taureaux de Fermin Bohorquez pour la cavalière, tandis que Sébastien Castella affrontera quatre exemplaires de l’élevage de Nunez del Cuvillo. Car ce sont bien les taureaux qui déterminent le spectacle. De leur comportement, de leur bravoure et de leur noblesse, dépendent largement les sensations esthétiques que le public pourra ressentir. Pour la tauromachie à cheval, l’élevage de Bohorquez a très largement fait ses preuves, et la cavalière devrait pouvoir montrer la qualité du dressage de ses montures qui sont de véritables chevaux toreros, entraînés pendant des années, à surmonter la crainte que les taureaux leur inspirent tout naturellement.

L’élevage de Nunez del Cuvillo est une référence pour ceux que l’on appelle « les toreros artistes », et Sébastien Castella s’est largement imposé dans ce domaine. Particulièrement nobles, c’est-à-dire suivant la muleta que le torero leur présente, les taureaux de cet élevage ont permis cette année de très nombreux triomphes. (133 toros - 111 oreilles - 5 queues - 1 toro grâcié).

La seconde corrida, celle du 13 août, verra la présentation à Béziers de la ganaderia (l’élevage), de Garcia Jimenez. L’origine de cet élevage, celui de Juan Pedro Domecq, devrait permettre aux trois matadors qui leur seront opposés de s’exprimer. Le public biterrois aura l’immense bonheur de retrouver celui que l’on appelle dans le milieu, le maestro des maestros, Enrique Ponce qui se situe, depuis son alternative en 1990, toujours au sommet de son art. Enrique Ponce que l’on appelle parfois « le professeur », a une conscience aiguë de sa responsabilité devant le public. Il cherchera, quels que soient les difficultés, la faiblesse d’un taureau, le vent, à tirer le meilleur de son adversaire. La précision de ses gestes, la connaissance qu’il a de son placement dans l’arène et de la conduite qu’il impose à son adversaire lui permettent de s’imposer depuis plus d’un quart de siècle dans toutes les arènes.

Le public biterrois pourra retrouver l’un de ses toreros favoris, Enrique Ponce

Ses compagnons de cartel ne sont pas les premiers venus. Certes plus jeunes, ils auront à cœur de donner le meilleur d’eux-mêmes en compagnie de Enrique Ponce. Il s’agit de Alejandro Talavante et du jeune Péruvien Andres Roca Rey. C’est un cartel exceptionnel que Robert Margé propose ce 13 août, et chacun dans leurs styles différents cherchera à donner le meilleur.

Le torero péruvien, Andres Roca Rey propose au public un répertoire de passe de cape extrêmement varié

Les corridas du 14 et du 15 août, qui seront présentés plus longuement dans un prochain article sont d’un style très particulier. Les élevages précédents sont réputés pour permettre habituellement aux toreros de s’exprimer, même s’ils demeurent des animaux sauvages et des combattants.

À partir du 14 août, avec les ganaderia de Victorino Martin et Miura, le public change véritablement de catégorie et le spectacle peut être complètement différent. Les spécimens de ces deux élevages demandent des toreros particulièrement rigoureux. Sans doute plus avertis, ils ont tendance à peser sur le torero qui doit littéralement s’imposer à eux pour les combattre. Face à ces spécimens, ce sont des toreros guerriers comme Manuel Escrivano, David Mora et l’arlésien Mehdi Savelli, face aux Victorinos, qui seront présents en piste.

La corrida de clôture verra un mano à mano, réunissant face aux mythiques taureaux de Miura, Rafaellilo triomphateur de l’édition 2016 de la feria de Béziers, et l’arlésien capable d’un engagement très entier, Juan Bautista que le public biterrois apprécie tout particulièrement.

Avec les quatre corridas de toros, le public pourra donc assister à plusieurs styles de tauromachie, en espérant y voir cette harmonie unique et ressentir ces sensations esthétiques qui font de la tauromachie de tradition espagnole un spectacle à nul autre pareil.

Après 20 heures, c’est une autre fête qui commence, et dans la convivialité, la joie et la bonne humeur, ceux qui auront pu assister aux corridas pourront en parler encore. Mais au-delà des corridas, c’est une ville en fête qui s’offre à ses visiteurs comme à ses habitants, et il conviendra d’en parler également.

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Bruno Modica

Bruno Modica est agrégé d'Histoire enseignant au lycée Henri IV de Béziers. Passionné de corridas, il intervient souvent aux arènes en tant que photographe taurin et fait profiter Béziers-Infos de sa vaste culture sur le sujet.