Le Creux de Miège, un patrimoine naturel et plus encore

Falaise et mare curetée. photo: Alain Campos

 

Pour se repérer dans la jungle des sigles, dispositifs protégeant et gérant le Massif de la Gardiole, les garrigues et les zones humides entre Palavas et Sète:

SC: Site Classé. Ex: Massif de la Gardiole
SIC: Site d'Intérêt Communautaire. Ex: Etangs Palavasiens
ZPS: Zone de Protection Spéciale. Ex: Etangs Palavasiens et Etang de l'Estagnol
ZNIEFF: Zone d'Intérêt Ecologique Faunistique et Floristique. Ici: des Garrigues de la Madeleine

RAMSAR: Traité international pour la conservation et l'utilisation des zones humides
Natura 2000: Réseau de sites naturels européens identifiés pour la rareté ou la fragilité d'espèces animales ou végétales

SIEL: Syndicat mixte des Etangs et des Lagunes
SCOT: Schéma de Cohérence Territoriale
SAGE: Schéma d'Aménagement et de Gestion de l'Eau

 



La tenue de la 14e édition des Chantiers d'Automne des Conservatoires des espaces naturels, du 22 septembre au 21 décembre 2015, nous permet de rappeler que, entre Sète et Montpellier, le cordon littoral, les garrigues ou les hauteurs du Massif de la Gardiole sont protégés et gérés par différents dispositifs légaux (voir encadré).
Dernier en date, le classement du "Creux de Miège" en zone de protection de biotope conforte le caractère exceptionnel du lieu en tant que patrimoine naturel. Il couronne des années d'effort, en particulier deux campagnes de curetage et débroussaillage en 2005 et 2010, pour remettre en état un site très dégradé, qui offre ses reliefs à une riche faune et flore.

Un patrimoine naturel préservé

Cirque effondré de 100 à 200 mètres de diamètre, aux hautes corniches calcaires truffées de cavités, le Creux de Miège draine les eaux souterraines du sud de la Gardiole et abrite en son fond une mare, résurgence karstique bordée de chênes verts et alimentée par une source, la Miège. L'Arrêté préfectoral du 18 novembre 2014 délimite sur 32 ha la protection des falaises, garrigues, zone humide et chênaie, qui hébergent une plante vivace, la lavatère maritime, ainsi que des amphibiens (tritons, rainettes), petits oiseaux et reptiles. Il vise à encadrer les pratiques agricoles, limiter les pollutions  - l'emploi de produits chimiques y est proscrit, tout comme le dépôts d'ordures - et canaliser la circulation des personnes.
Plus encore que la curiosité de l'effondrement rocheux ou la rareté d'une petite zone humide au milieu de garrigues, le lieu éveille, chez les Mirevalais, bien des souvenirs.

Un patrimoine mémoriel vivace

Au XXe siècle encore, ils étaient nombreux à se baigner l'été dans l'eau rafraîchissante de la mare, improvisée piscine collective. Les anciens se plaisent à rappeler comment, enfants, ils occupaient leurs jours de congés pour parcourir les rives de l'Etang de Vic, traverser vignes et garrigue pour arriver au Creux de Miège "ce terrain de jeu privilégié où nous faisions nos premières armes d'alpinistes, de spéléologues ... et de fumeurs clandestins" raconte Henri Cailhol.
Abandonné aux décharges sauvages et aux broussailles, le site est entré peu à peu dans la mémoire collective comme un lieu emblématique, repère géographique et mémoriel chargé d'histoire.

Un patrimoine préhistorique enfoui

Le Creux de Miège s'inscrit en effet dans un ensemble datant du néolithique et du chalcolithique qui s'étend entre Frontignan et Villeneuve-lès-Maguelone. L'humanité s'éveille sur cette zone proche de la mer et de ses ressources, abritée des vents, alimentée de points d'eau pérennes comme la source de la Miège.
Le Creux sert d'abri sous roche, à flanc de falaise et de station de plein air aux hommes préhistoriques jusqu'à l'Age de Fer. Il permet une halte pour les pasteurs et les troupeaux entre les habitats de la Roubine à Vic-la-Gardiole et de la Madeleine à Villeneuve-lès-Maguelone.

Fouillé par les archéologues, comme Jean Arnal, les géologues et spéléologues comme Bernard Geze, il a pu être étudié encore dans les années 1970 par Marcel Soulier, Directeur d'école passionné d'histoire. Le site nous a légué un outillage perfectionné, apporte des témoignages de vie (restes culinaires, éléments de parures, petits vases), de travail agricole (morceau de meule en basalte) et de rites funéraires dans une grotte sépulcrale. Aux origines du peuplement de la commune actuelle de Mireval, il conjugue histoire, mémoire et identité locale.
Mais les vestiges, dégradés par des fouilles intempestives, la grotte avec siphon et lac souterrain, d'accès dangereux, ne sont plus accessibles. Se pose aujourd'hui au Creux de Miège le dilemme de toute conservation: comment concilier la mise à disposition des publics d'un patrimoine exceptionnel et la préservation du lieu et de ses richesses enfouies?

Florence Monferran