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Lavagnac : l’eau coule le golf

La réunion qui s’est tenue dans la salle des fêtes de Paulhan le 14 mars concernant les besoins en eau du projet de Lavagnac a fait salle comble. Cette réunion était placée sous la présidence de M. Morgo, Conseiller départemental du canton Mèze-Montagnac avec Frédéric Roig député, de nombreux élus régionaux, départementaux, maires des villages de la basse vallée de l’Hérault, président de la Chambre d’Agriculture. 
Le mot de bienvenue était prononcé par Claude Valéro, maire de Paulhan. Devant autant d’élus, certains agriculteurs craignent une politisation de ce dossier. 

C’est Nicolas Lienart, hydrogéologue qui ouvrait les débats. Il intervient auprès des communes pour la recherche de l’eau. En eau souterraine elle est plus pure, mais il faut aller la chercher à plus de 100 mètres, ces nappes concernent 1/3 de l’eau utilisée. La nappe alluviale est celle que l’on peut capter dans un puits. Le bassin de l’Hérault c’est 166 communes et plus de 250.000 habitants sur 2 départements. 
Il arrive dans notre département 10.000 personnes par an, il faut prévoir l’eau potable nécessaire pour satisfaire leurs besoins et penser à l’avenir. La Commission Locale de l’Eau (CLE) comprend les collectivités, les usagers et l’Etat. Elle organise le partage de la ressource en eau par secteur et par usage, eau potable et irrigation en tenant compte du bon fonctionnement du milieu aquatique. 
L’irrigation pour 5400 ha s’élève à 13 millions de mètres cubes an, quant à la consommation pour 600.000 personnes, c’est 11,6 millions de mètres cubes. 
Pour l’irrigation du golf à partir de la station d’Aspiran, les besoins s’élèvent à 30 l/seconde, pour la fourniture en eau potable de 380 villas depuis la station de pompage SBL de Montagnac, c’est 10 l/seconde. 
Pour ce projet de Lavagnac, selon les intéressés, les chiffres concernant le golf de 18 à 9 trous, et les villas de 642 à 380, puis 350 changent en permanence. 

Présentation hydrogéologique  
 
   
 
   

Ensuite ce furent les revendications des participants.
Mais pourquoi en est-on arrivé à ce projet trop ambitieux et non adapté à ces lieux, alors qu’auparavant 7 acheteurs potentiels se sont présentés ? 
Serge Azaïs confirmait que le meilleur projet consistait à en faire une maison de retraite de luxe. On a voulu faire un projet pour sauver le château, mais le contraire s’est produit, cette demeure historique est en ruine. 
Le président de la cave coopérative de Montagnac s’offusquait que les mesures de restriction d’eau qui frappent la viticulture en diminue les rendements, alors que l’on donne des autorisations pour un golf, le remplissage de piscines et l’arrosage des espaces verts. 
Le président de la vicomté d’Aumelas dont les vignes sont irriguées par le canal de Gignac regrette que toutes les demandes des viticulteurs ne soient pas satisfaites par mesure d’économie. 
Un maraîcher de Paulhan faisait constater que ces jours derniers, BRL avait suspendu la distribution pendant 2 jours et que les rendements avaient baissés de 20% sur la même période. 
Le président de l’association des oignons doux de Lézignan la Cèbe faisait remarquer que des efforts pour économiser l’eau avaient été réalisés. 
Les agriculteurs en général sont à l’unanimité contre ce projet qu’ils jugent inutile et dangereux pour leur avenir. 
Les 300 emplois qu’on a fait miroiter ne seront pas suffisants pour compenser les emplois que pourrait perdre la viticulture. 
Jean Huillet proposait que les viticulteurs qui fermeraient leurs exploitations suite à la baisse de rendement causé par le réchauffement climatique soient engagés comme vigile à Lavagnac. 
Évoqué également cet Arrêté de 1867 qui autorisait le vicomte Daudé d’Alzon à prélever 78.000 m3 d’eau par semaine. Techniquement il ne peut plus être remis en exploitation. 
Concernant l’enquête publique sur le forage dit de Lavagnac, la Région n’a pas été consultée ?
La tension était palpable lorsque les élus ont fait savoir que le Préfet de l’Hérault avait refusé de les recevoir. Finalement, le Sénateur Cabanel, René Moréno et d’autres Conseillers et élus ont été reçus par le S/Préfet de Béziers sans qu’aucune décision ne soit prise. 
Un syndicaliste agricole indiquait que lors de l’inauguration en juin 2014, la sécheresse commençait à se faire sentir, il demanda au Préfet en fonction les mesures de restrictions qu’il comptait prendre. 
La réponse fut cinglante, on ne peut rien faire, c’est un projet haut de gamme ! 
Il n’en fallait pas plus pour que la salle réagisse bruyamment. 
M. Villaret intervenait pour dire que tous les élus présents, le monde agricole était contre ce forage et ce projet démesuré. 
Nous aurons de plus en plus besoin d’eau potable et d’eau pour arroser. 
Il faut une réunion d’urgence de la Commission de l’Eau. 
Aujourd’hui nous sommes à la limite de rupture, il faut trouver d’autres solutions.

 

Donc quatre modes d’actions sont envisagés :
- Intervention des politiques auprès du Préfet.
- Action en justice.
- Le député Frédéric Roig a proposé de remettre au Premier Ministre une motion concernant cette affaire.
- Manifestations : si le Préfet refuse une entrevue, le Conseiller Départemental Christophe Morgo propose une manifestation d’envergure devant la Préfecture de l’Hérault. 
D’autres proposent une manifestation sur place à Lavagnac, mais elle ne présente aucun intérêt, les bureaux et les lieux sont fermés depuis 14 mois. Etant donné l’état des bâtiments en ruines, il est dangereux de s’en approcher, on pourrait confondre Lavagnac avec Mossoul, Raqqa, Alep, hormis la mort et la souffrance quotidienne qui règnent dans ces villes de Syrie elles aussi privées d’eau potable. 
Enfin c’est le blocage de la D 613 à Montagnac qui a été également évoqué, mais M. René Moréno n’y est pas favorable. 
Espérons dans l’intérêt de tous qu’une solution sera trouvée, de toute façon le promoteur France Pierre devra se prononcer rapidement quant au devenir de ce projet.

Bernard Bals