La légende de l’Âne de Bessan

et la tradition de sa présence à la fête locale


 
 

L'autre légende

L'autre légende, à laquelle les Bessanais se fient peu, relie l’animal totémique bessanais à celui de Gignac, situé entre Montpellier et Lodève, dont l’âne est également l’animal emblématique. Les habitants de Gignac disent qu’en 730, un âne par ses braiements a prévenu leur ville de l’arrivée dévastatrice des guerriers sarrasins. Ceux-ci, furieux car n’ayant de ce fait pu détruire Gignac, auraient jeté le courageux quadrupède dans le courant du fleuve Hérault, où il aurait alors été recueillis et fêté à Bessan.

 
 

Les Bessanais d’origine connaissent les légendes de leur animal totémique, mais les nouveaux habitants sont souvent surpris par l’importance que prend cet Âne dansant dans les cérémonies et moments forts du village, et notamment dans le programme de la fête locale de la Saint Laurent.

Une particularité locale fait que perdurent depuis des décennies deux légendes de l’âne, bien que la première, celle contée ici d’abord, soit la plus communément admise. (voir l'encadré au bas de ce texte la seconde légende).

Les plus anciens des Bessanais parlent plutôt d’une foire aux ânes (les archives évoquent une grande foire à l’époque de la Saint-Laurent, créée par François 1er), et de la tradition de décorer le plus bel animal de fleurs et de clochettes puis de le promener en cortège dans les rues pour lui faire honneur. Un jour, l’âne, affolé par la foule et le tintement des clochettes, se serait échappé de cette cohue et réfugié dans l’église. L’histoire était belle et devint rapidement une légende locale. Pour la faire revivre, les Bessanais auraient alors fabriqué un âne factice joliment orné de fleurs de papier coloré, qu’ils auraient fait défiler dans les rues du village pour la Saint Laurent, et fait bénir par le curé. L’Âne est ainsi devenu l’un des emblèmes du village (l’autre est la Tuque, mais c’est une autre histoire… !) et les habitants sont très fiers de ce qu’il symbolise aujourd’hui.

L’Âne actuel est composé d’une charpente en bois lamellé collé couverte de toile de jute, sous laquelle se glissent les porteurs qui le font danser ; sa tête est une sculpture de mousse polyuréthane peinte, et sa queue est une véritable queue de cheval ornée d’un gros nœud aux couleurs du drapeau français. Chaque année, l’âne est orné de neuf par la jeunesse locale menée par les deux chefs de jeunesse et les trois demoiselles d’honneur élus dès le printemps : sur le dos est inscrite l’année, sur les flancs sont représentés d’un côté la Tuque et de l’autre un magnifique Coq, et le reste du corps de l’Âne est décoré d’une multitude de fleurs en crépon de toutes les couleurs selon le goût de l’équipe de jeunes.

Chefs de jeunesse et demoiselles d’honneur ont la responsabilité de représenter la jeunesse locale lors des cérémonies de la fête locale et de contribuer à ce que celle-ci soit populaire et de qualité. Les traces de cette tradition remontent à 1788 où deux jeunes hommes furent chargés d’organiser un bal pour la Saint-Laurent ; en 1958, apparaissent à leurs côtés trois jeunes filles, appelées initialement « cheftaines ». La tradition se perpétue depuis, même si elle évolue un peu avec l’apparition il y a quelques années d’un Petit Âne, qui permet  aux plus jeunes de se rassembler autour des mêmes valeurs lors de la fête de la Saint-Laurent alliant générations, traditions et… fierté d’être Bessanais.