La chapelle St Laurent de Touroulle

 

La chapelle Saint Laurent de Touroulle, aquarelle d’André Fernandez.

Nota : les parties plus poétiques de l'histoire de cette chapelle aujourd'hui en ruines, joliment écrites par André Fernandez et toujours très exactes, sont à l’origine de cet article. Pour le compléter sans le dénaturer, les textes ajoutés sont inscrits en caractères italiques.

La chapelle Saint-Laurent fait partie, au Moyen âge, de l'ancien village de Touroulle, situé entre Bessan et Vias. La présence de deux très gros blocs de basalte laisse penser qu'il y avait là, à l'origine, un temple païen.

 Allongée sur un petit promontoire affleurant une rive de l’Ardaillon, un des bras du delta de l’Hérault, la Chapelle St Laurent de Touroulle veille sur un territoire au riche passé remontant à la nuit des temps, occupé tour à tour par les Ibères, les Celtes, les Romains et la civilisation médiévale.

Construite au XIe siècle, sur l'emplacement d'une ancienne villa romaine, mais aussi en bordure d'une voie antique, appelée route Mercadale, qui reliait l'oppidum de la Monadière au port dit du Canalet, situé entre la plage de Portiragnes et celle de Vias, elle est bâtie selon les caractéristiques et la symbolique des édifices religieux romans languedociens :

- Chœur orienté vers le Levant, vers la lumière, symbole du Christ : « Je suis la lumière du monde, (Jean VIII, 12) ».

- Porte d’entrée, au Sud, face au soleil dans sa gloire, abritée du vent du nord. Porte plein cintre, aux montants en pierre de taille, elle prie pour les âmes oubliées.

- Deux petites fenêtres romanes, l’une au sud, l’autre au nord, éclairant son chœur.

Transformée, semble-t-il au XIIe ou XIIIe siècle, la chapelle Saint-Laurent est probablement abandonnée, en même temps que le reste du village, au moment des guerres de Religion, elle perd son chevet roman dont il ne reste aujourd’hui que l’arc plein cintre visible à l’intérieur de la chapelle et quelques fondations dans son prolongement.

Enigmatique, elle livre un à un ses secrets. Lors de fouilles effectuées par l'abbé Thomas en 1938, deux petites urnes funéraires, un sarcophage mérovingien (qui sera transporté dans le jardin du presbytère de Bessan où il est encore),  ainsi qu’un puits de l’époque romaine, ont été retrouvés à l’emplacement du maître autel.

Vigie solitaire, elle porte les stigmates du temps et les blessures des hommes.

Gardienne fidèle, elle veille imperturbable sur cette terre chargée des peines et des joies de tout un village à jamais disparu, espérant que vienne le jour d’une possible rénovation, d’une renaissance.

André Fernandez, 2016.

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La chapelle a évité la destruction lors du passage de la voie rapide reliant le péage de l'autoroute au Cap d'Agde, mais une partie de son cimetière wisigothique est détruite.* Elle devra subir un autre outrage en 2001, dû cette fois à des pilleurs de pierres.

*A noter qu'il existe de nombreuses autres chapelles sur le territoire de Bessan : Affrie, Saint-Claude, Pénitents gris, Saint-Martin de Caillan, Grange des Pères, chapelle du château de Brignac