Le casque de nos poilus
Nos soldats avec le képi traditionnel |
Guerre de tranchée |
Lors des cérémonies, selon la ville ou le village, on peut constater que nos soldats sont présentés avec un képi qui était rouge, mais le plus souvent avec un casque. Sur le monument aux morts de Montagnac, le soldat porte un casque.
Les commémorations du centenaire de la Grande Guerre 14-18 nous permettent de faire un retour en arrière et d’évoquer les transformations qui sont survenues au cours de ce conflit dans le Bulletin des Armées N°169 de 1916. L’une des plus curieuses a été l’adoption d’un casque unique pour nos corps de troupe. La tête, étant la partie du corps la plus exposée dans la guerre des tranchées, est celle que l’on a pensé à protéger en priorité par un couvre-chef plus résistant que le képi traditionnel. Tout d’abord on avait commencé par coiffer nos fantassins d’une calotte sphérique en acier, placé sous la coiffure de drap. Ce mode de protection rudimentaire donna des résultats encourageants, et beaucoup de soldats du front lui doivent la vie. Ce casque modèle 1915, dû à l’intendant Adrian, tout en acier il pèse un peu moins d’un kilogramme. Il est composé d’acier pour le casque, d’aluminium pour le conformateur, la peau de mouton et le drap pour la coiffe, la peau de chèvre pour la jugulaire. Les différentes phases de sa fabrication nécessitent 52 outils ou machines-outils pour chacune des trois dimensions adoptées. De nombreuses usines et un nombreux personnel, féminin pour la plupart, 1000 ouvriers pour 3000 ouvrières ont porté la production à plus de 50.000 casques par jour. Trois millions six cent mille casques ont pu ainsi être livrés en moins de 6 mois à nos armées. Nos ateliers ont, en outre, effectué d’importantes commandes pour nos alliés qui ont su apprécier les avantages du casque français.
Sa fabrication comporte d’abord la confection des éléments en acier, la calotte, la visière, le couvre-nuque et le cimier. Ces éléments sont découpés à l’emporte-pièce dans une tôle d’acier demi-dur d’excellente qualité et épaisse de 1 millimètre. L’attribut, insigne de chaque Arme, est fait en tôle d’acier ou de laiton, d’une épaisseur de moins d’un demi-millimètre. La bombe du casque est d’une seule pièce. On l’obtient par emboutissage à froid d’un disque d’acier ou flan de 30 centimètres de diamètre. On la polit au moyen d’une molette en acier, tournant à grande vitesse, qui enlève les aspérités résultant de l’emboutissage. Le bord est régularisé par détourage. Une autre machine forme la nervure ou jonc sur laquelle seront sertis la visière et le couvre nuque. On découpe ensuite à l’emporte-pièce au sommet de la bombe, la rainure longitudinale servant à l’aération, ainsi que les trous nécessaires pour y poser les 4 rivets d’aluminium du cimier, et les deux brides de laiton qui fixeront l’insigne. Ces opérations s’effectuaient simultanément avec la même machine. Ensuite, la visière et le couvre-nuque, courbés à la forme voulue, sont rivés ensemble et sertis sur le bord du casque.
Celui-ci subit alors une opération, qui a pour but de l’ovaliser. On le dispose sur un billot en bois et on introduit à l’intérieur une forme, également en bois, qui, en pénétrant par forcement, donne à la calotte sphérique la conformation désirée.
Bernard Bals